LARMOR – GROIX
14 au 20 septembre 2008
Après la croisière sur les épaves du détroit de Gubal
en Egypte, il nous fallait revenir aux sources. En comparaison de l’année passée,
nous sommes un peu plus au sud. Est-ce la raison du succès de cette
édition ? Probablement pas ; L’accès est plus facile qu’à Ouessant,
le programme au moins aussi attractif et puis la renommée est
grandissante !
Si en 2007, nous n’étions que quatre amateurs, cette année ce n’est
pas moins de dix plongeurs à vouloir aller sur les épaves de Groix. Ce coin est
riche en raison du passé historique de Lorient et de sa base sous-marine de Kéroman. Qui ne connaît pas les fameux U-171 et
Sperrbrecher 134 ? Cela nous trottait dans la tête depuis déjà quelque
temps mais d’autres priorités avaient pris le pas.
En janvier, au salon de la plongée, contact est pris avec le centre
Kerguelen de Larmor-Plage et assez vite nous bloquons la troisième semaine de
septembre. Et là, c’est l’enthousiasme ! Nous partions à une douzaine si
pratiquement au dernier moment Pascal M. et Christian O. n’avaient eu des
soucis de congés !
Donc ce dimanche 14 septembre, rendez–vous est pris pour charger
les sacs et passer ensuite récupérer le Président Antoine B. au lieu dit Le
bouc étourdi. Tout un programme. Mais nous voilà confronté à un problème de
transport inattendu : Pascal P. n’a pu avoir le minibus et il arrive en
Espace. Nous chargeons au mieux et partons à trois véhicules chez Antoine qui
doit assurer l’accueil pause déjeuner de cette première et très courte étape.
Avant d’attaquer la plantureuse pizza maison, la question du transport est
finalement vite résolue, simple question d’optimisation des ressources !
A bord de l’Espace, Pascal P, Antoine B, Marcounet, Willy,
Catherine R, Michel P et moi-même. Dans le Fiat Multipla,
avec tous les impedimenta, Hervé L, Patrick L et Christophe R.
La route n’est pas bien longue, environ 450km pour arriver en fin
d’après midi … pour l’apéro !
Un peu après 18h, nous voilà installés dans trois chambres du
bâtiment jouxtant le centre sportif de Kerguelen. Le temps est ensoleillé et
nous nous prenons à rêver d’une semaine estivale, comme nous en avons
traditionnellement à cette période.
Apéritif dînatoire et tournée à Larmor en quête d’une crêperie ou
d’un bar … rien. Nous terminons à Lorient où nous dénichons un pub avec de
Lundi 15
Ce matin, soleil à peine voilé et légère brise … la vie est belle. Après
un petit déjeuner complet nous voilà à pied d’œuvre ; Prise en compte des
blocs 15l Nitrox déjà préparés, installation dans des locaux avec casiers secs
et humides, le centre est bien organisé. Avec Loïc le responsable plongée, nous
mettons au point notre programme spécial épaves … que de la tôle !
Ce matin, nous commencerons par le briseur de blocus, idéal pour
une réadaptation et suffisamment grand pour les ébats du groupe. Les palanqués
se forment naturellement et nous sommes à l’aise sur le semi-rigide Mirage
du Centre.
Sperrbrecher 134 ex Falke 25m
Les conditions sont parfaites et une fois les derniers réglages
apportés, chacun prend un grand plaisir à se retremper dans l’Atlantique. La
visibilité est correcte sur cet ancien cargo de plus de 70m transformé en
sperrbrecher et coulé en 1944; Tous les ingrédients y sont présents : proue
visitable avec une belle étrave, chaudières et vestiges d’une plateforme
anti-aérienne. En plus le faune abondante ne gâte rien.
Cet après midi, nous enchaînons sur un ancien remorqueur.
M4021 ex Cyrano
20m
Cette petite épave d'un remorqueur fluvial transformé en
Minensuchboot et coulée en 1944 repose à petite profondeur, nous allons donc être
rodés. La visi est toujours correcte avec cette
ambiance verdâtre typique du coin. Ici on a la proue encore dressée, la
chaudière et surtout la belle machine alternative avec ses bielles et volants.
La poupe a souffert mais mérite que l’on s’y attarde. Et toujours ces tacauds
envahissants !
Mardi 16
Cette nuit il a fallu réintégrer les chambres, car des groupes
scolaires et des stagiaires sont arrivés ; Fini le calme !
Décidément le soleil ne veut pas nous quitter et nous lui en sommes
grès. Quel plaisir d’embarquer le long de la cale, le matériel est déjà là,
amené sur des chariots tirés par de petits tracteurs. Les plaisanteries fusent,
ce qui est normal avec Michel, Christophe et Marcounet !
Sérieusement, ce matin nous avons au programme ‘l’épave au canon’
V709 ex Guido Mohring 25m
Le clou de cette épave est son canon de 8,8cm, fièrement dressé sur
le gaillard d’avant de ce Vorpostenboot, transformé à partir d'un chalutier. Si
le reste est plus commun, la seule présence de cette pièce vaut le détour car
c’est plutôt rare ! Toujours cette ambiance verte qui baigne tout. L’épave
est très dégradée vers l’arrière, après le treuil à la suite de l’explosion de la
torpille. Et bien sur la faune est de la partie avec encore ces bancs de
tacauds qui semblent faire écran pour camoufler congres et crustacés qui
regorgent dans les replis de tôles.
Après un déjeuner mérité nous voilà de retour sur le
Sperrbrecher 134 ex Falke 25m
L’épave est grande et une seconde plongée est intéressante pour
aller sur du détail, ce qu’une première ne permet pas vraiment. Un petit tour
sur les restes de la poupe, où il ne reste pas grand-chose, mais l’avant et son
étrave typique avec la perche, élément du système de générateur de champ
magnétique, méritent une nouvelle visite.
Ce soir après dîner, petit tour à Lorient pour la désormais
traditionnelle Guinness. L’ambiance nous ramène dans les pubs des Orcades et la
stout nous rend volubiles. Les souvenirs reviennent et la conversation s’émaille
d’une certaine nostalgie.
Mercredi 17
Nous y voilà ! Le tant attendu U-171 est au programme. Tout se
présente bien, la météo est radieuse et la mer plutôt calme. En vingt minutes,
à bord du Tender One, nous rallions le lieu du naufrage de ce U-boot type IX-C
coulé en 1942 en rentrant de patrouille à quelque milles au nord-ouest de l’île
de Groix.
U-171 40m
Une fois la bouée mouillée et assurée, nous descendons le long du
boute et là, l’émerveillement : apparition du kiosque et de la partie arrière
du sous-marin. La visibilité aujourd’hui est bonne et permet d’avoir une vue
d’ensemble. Au débriefing c’est l’unanimité, le groupe est enthousiaste. Chacun
y va de ses détails et la lentille du périscope revient souvent. Nous avons
vécu une grande plongée.
Une plongée bien différente nous attend cet après midi. Nous allons
sur un ancien bâtiment en bois coulé en 1919.
SP-377 P.K. Bauman 26m
Nous passons à une ambiance minimaliste. Du fier patrouilleur côtier
en bois de la marine américaine ne restent que les
éléments métalliques. Chaudière, machine alternative, arbre et hélice, ainsi
que quelques débris jonchent le fond de sable grossier. Mais l’ensemble est
intéressant car il est resté connecté et ressemble à une présentation de musée
de la technique. Une des palanquées s’amuse, après avoir accroché un dévidoir,
à explorer les alentours. La curiosité va payer : un phare Bersub récent et intact ! Bon évidement, il manque le
chargeur !
A mi-séjour, nous avons déjà pris nos habitudes. L’apéro
dégustation de malt, en terrasse au soleil, accompagné de quelques
cochonnailles précède le dîner. Il commence à y avoir du monde dans le Centre
et l’ambiance est animée. Ensuite tournée à Lorient pour discuter de la journée
autour de la traditionnelle Guinness.
Des journées bien remplies !
Jeudi 18
Quand on aime on ne compte évidemment pas !
Ce matin, seconde plongée sur l’U-171. Pourquoi se priver ? Le
temps est indéfectiblement au beau fixe, la mer toujours aussi avenante et ce ne sont pas les quelques milles avalés à
pleine allure par les 2 x 225Cv du Tender One qui vont nous faire
hésiter !
U-171 40m
Hier, nous avons fait toute la partie arrière, donc aujourd’hui nous
partons vers l’avant qui est disloqué et éparpillé sur le fond de roche. Nous
parcourons les débris du canon de 10,5cm, les trappes des tubes
lance-torpilles, des bouteilles d’air comprimé et de tôles diverses. La
visibilité est un peu moins bonne que la veille et après avoir tourné nous
décidons de finir sur le kiosque … impossible de le retrouver ! Nous avons
dû passer tout près … donc retour au parachute. D’autres palanquées sont
retournées sur l’arrière et ont pu finir par le kiosque et l’œil de verre du
périscope.
Cet après midi, on change de coin, cap au sud vers Gâvres et sa plage immense où se trouvait un temps un champ
de tir de
SMS Thuringen 9m
Après une vingtaine de minutes de navigation, nous arrivons face à
la plage. Un écueil émerge avec quelques goélands posés dessus … ce sont les
têtes des chaudières de ce croiseur de la marine impériale allemande. Cédé à
Ce soir au dîner : crêpes à gogo avec cidre … mais bon, sans
être difficile, les crêpes tiennent au corps et tout bon Chrétien
s’étoufferait ! Mais la faim est là et le sommeil sera lourd.
Vendredi 19
Dernière ligne droite.
Le temps persiste à nous réchauffer. L’activité dans le Centre est
fiévreuse, des groupes ont débarqué et tous les bateaux sont de sortie. Nous
sommes veinard car nous restons seul à bord de notre semi-rigide.
Cap sur un chalutier qui a coulé au début des années 70 à la suite
d’un accident. Un marin avait péri à l’époque.
Nadia 47m
Une demi-heure de navigation pour arriver sur le site du petit
chalutier de 28m face à la baie du Pouldu. Mise à
l’eau de routine et descente le long du boute. La visibilité est moyenne et
l’ambiance assez sombre. La coque repose sur un fond de sédiment sur bâbord.
Attention donc aux coups de palmes. De nombreux fragments de filets et des fils
sont accrochés un peu partout, tissant autant de pièges au plongeur inattentif.
Certains d’entre nous vont remonter des hameçons et autres poissons nageurs
style Rappala. L’épave n’a pas trop souffert des
chalutages, mais plus des plongeurs qui se sont servis dans la timonerie. A
noter que la faune est ici moins présente que sur les sites proches de Groix.
Après déjeuner nous retournons sur le remorqueur et nous serons en
compagnie d’un petit groupe débarqué ce matin.
M4021 ex Cyrano 20m
Les conditions sont sensiblement les mêmes que lundi et nous
refaisons un tour : proue, machine et poupe. On déguste … c’est la
dernière. Certains ne replongeront que l’année prochaine mais d’autres sont
partants pour une virée en Egypte, tout au sud, en novembre prochain avec le
CALP. Cette plongée se passe donc bien, même si nous sortons de l’eau avec un
petit pincement, il faut bien une fin !
Et puis ce soir c’est moule frite. Le chef fait des heureux et le
blanc coule à flot.
Et une dernière Guinness pour clore cette semaine épaves 2008.
Encore une fois, la météo a fait preuve de clémence avec nous et ce
détail a permis de mettre une note chaleureuse sur un séjour qui, à entendre
chacun, a largement rempli les attentes. Le bilan positif incite à prolonger
les expériences et à parler du futur et de projets. Pour septembre 2009, nous
évoquons une croisière à Cavalaire ou bien un séjour sur Toulon ou Marseille,
tandis que se profile, encore un peu flou, une croisière en Norvège. Bergen et
ses fjords semblent avoir un certain pouvoir d’attraction. Les derniers
réfractaires semblent prêts à se convertir à l’étanche.
Mais en attendant les épaves de l’île de Groix ont tenu leurs
promesses et nous ont donné toute la dose d’images et de pep indispensables à
l’attente des prochaines plongées. Si certains partent en Egypte, d’autres se
donnent rendez vous avec le GREEC en février 2009 aux Philippines pour
découvrir les épaves japonaises de
Alain Truchot
Crédits photos sous-marines
: Antoine Bélec et Alain Truchot
Photos surfaces : Antoine bélec, Christophe Roy et Alain Truchot.