Petite ballade méditerranéenne

 

 

L’automne est bien là et cette croisière que nous avons partagée fait déjà partie des souvenirs. J’espère que pour tous ce seront plutôt des bons. Il est vrai qu’au départ Christian n’a pu venir avec nous à la suite d’un gros problème familial. Et ce sont là des moments dont on se passerait volontiers. D’autant plus que nous parlions tous de cette semaine depuis pas mal de mois et  l’appétit était à son comble.

 

 

Ce dimanche matin, la mise en route est laborieuse et la descente vers le Midi se fait dans le vent et la froidure. Il n’y a qu’à observer ces joyeux pique-niqueurs dans leur polaire et autre coupe vent tentant de trouver quelques calories dans un breuvage aux reflets dorés. Bien entendu les conducteurs furent d’une sobriété exemplaire. Plus nous descendons, plus la météo devient pluvieuse et fraîche ! Belle fin d’été sur la Côte ! Enfin nous touchons au but et pouvons nous installer à bord de l’Espadon de Philippe Evezard.

 

 

Après une première nuit à bord, où tout le monde a  rêvé d’épaves englouties (C’est mieux que d’évoquer les couchettes exiguës pour certains ou bien le doux ronronnement d’autres –beaucoup-), le programme décidé la veille est promptement entamé. Le temps du lundi, encore maussade et légèrement houleux, n’a pas empêché une réadaptation sans soucis sur le PROPHÈTE. Le bateau a bien vécu et seules les chaudières et la roue d’inertie ont encore une allure ‘navale’. L’ambiance est proche de celle que procurerait la découverte d’un ichtyosaure fossilisé. Mais loin de ces considérations, l’après plongée est pour certains l’occasion de nourrir les poissons. L’après-midi sur l’ESPINGOLE n’est pas décevante. Certes, beaucoup de tôles éparpillées au milieu des briques de combustible… mais la machine est vieille. Elle a des allures de bête caparaçonnée dont les entrailles de tuyauterie se répandent à travers les blessures du temps.  La météo devenant plus favorable, le soleil plus présent, la première soirée se passe dans la crique de la Galère au sud-est de l’île de Porquerolles. C’est là que tout a commencé… comment une simple initiation allait faire d’un salon de jeu un tripot.

Mardi, 08h30, retour sur le DONATOR pour un certain nombre. Soleil et brise marine, un poil de houle résiduelle… et un peu de courant. Première palanquée, sans problèmes, descente le long du bout… Les autres, bof…éparpillement, essoufflements. Bilan : la première palanquée a fait le Donator et l’a fort apprécié  (En s’accrochant tout de même un peu à cause du fort courant de travers), la deuxième a fait sa plongée sur le bout et … c’est tout ! Heureusement  Philippe propose une roche comme plongée de consolation… moins intéressante que l’épave ! Après-midi, la houle étant toujours présente, direction l’ESCAMPO BARIOU et  sa petite cheminée. On a vu pire !

Après une soirée, digne des salles de  Macao, dans le port de Porquerolles, nous passons à l’initiation à l’aéronautique sous-marine avec le P51 MUSTANG sous un ciel d’un bleu éclatant. Philippe et Gilles larguent la gueuse pile poil et nous découvrons les restes du chasseur américain de la 2ième guerre mondiale. Les palanquées se succèdent afin de mieux profiter de la bête… et j’en connais qui ont tenté de la faire décoller en se mettant aux commandes… n’est-ce pas Pascal ? L’après-midi est consacré au MICHEL C dont seules l’étrave et les chaudières sont encore debout. Le reste est devenu un amoncellement de tôles, la coque ouverte comme un vieux livre. S’ensuit une fin de journée de bronzette et de farniente dans une crique de Porquerolles, terminée par une nouvelle soirée de poker et de 421. On n’en oublie pas pour autant de visualiser les différentes moissons d’images remontées des abysses ! Et les vidéos d’Antoine rendent plutôt bien !

 

 

Jeudi, grande journée en vue, deuxième tentative sur le DONATOR. Les conditions ce matin là sont exceptionnelles. Malgré l’heure matinale, nous ne sommes pas seuls. Le Revatua de Marseille tente de nous passer pour larguer ses plongeurs… mais pas de soucis nous arrivons sur la bouée et descendons dans le bleu comme un seul homme ! Cette fois pas de courant et on peut apprécier à loisir ce pinardier aux dimensions respectables aux gorgones omniprésentes et resplendissantes enveloppé de nuées d’anthias. Du pur plaisir ! Qui passe encore trop vite… nous reviendrons ! Après le déjeuner et la sieste, cap sur le SAGONE alias le ‘GREC’. Les conditions météo sont toujours excellentes, il faut en profiter ! Au programme la partie principale avec la poupe et pour les plus téméraires, l’avant en prime (70m à faire au compas). Comme sur le Donator c’est une oasis de vie, des myriades d’anthias, des dentis et des mérous pas farouches du tout. L’épave est plus petite mais possède un charme certain de par ses proportions (hormis l’hélice qui paraît énorme). Et puis l’avant, à lui seul est un concentré de vie. On deviendrait gourmand ! Cette fin de journée fut émaillée d’un épisode qui nous a tous rappelé à la dure réalité des lois de la physique. Michel, à la suite d’une gêne persistante dans le dos s’est offert une ballade en Ecureuil, histoire de plonger un peu en caisson et à l’oxygène. Intervention toujours impressionnante que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Que l’on se rassure, notre Michou Bidou est revenu le lendemain avec toute la gouaille que nous lui connaissons.

 

 

Une nuit au port de Cavalaire et nous abordons la dernière journée. Les conditions météo sont toujours au mieux et le menu du jour débute avec le TOGO. Epave mythique que nous sommes avides de découvrir ou simplement de revoir. Toujours imposante avec son étrave tapissée de gorgones et sa faune presque envahissante. La soute remplie de charbon, les bossoirs échevelés, la cuisine exiguë sont autant de classiques dont on ne se lasse pas. Un spot presque reposant dont il faut bien s’arracher, car l’après-midi nous réserve un dernier must, pas toujours facile : le RUBIS. Et j’en connais parmi nous qui sont impatients d’aller sur le kiosque ou bien de vérifier si la pression des manos de la chambre des torpilles est toujours OK ! Et nous sommes chanceux car le courant est très modéré, ce qui nous permet d’apprécier l’ensemble de cet ancien sous-marin poseur de mines, illustre combattant du dernier conflit mondial. Ce fut la dernière plongée de cette croisière et certainement une des meilleures !

 

J’espère que ces quelques lignes vous aurons fait oublier la grisaille parisienne… c’était le but. Le bilan si l’on devait en faire un  devrait être positif. La liste des épaves visitées ferait baver plus d’un plongeur. Et puis la chance nous a sourit en nous accordant des conditions météo plutôt agréables : un soleil  chaud et une mer avenante. Enfin, point non négligeable, la bouffe était variée et bonne, rappelez vous des confits ! A la suite, j’ai réuni quelques photos qui appuieront au mieux, je le souhaite, ce texte. De toute manière, ne déprimez pas, l’édition 2006 est déjà programmée avec un itinéraire différent, de nouvelles découvertes en perspective avec les mêmes membres du G.R.E.E.C.*, je le souhaite.

 

 

Alain

 

 

*Groupe de Recherche et Etude d’Epaves du Calp

 

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