Le Ramon Membru
L’HISTOIRE
Ce cargo de 116 m par 15 m pour 3920 tonnes a été construit par le chantier Short Bros & Co de Sunderland (Angleterre) en 1903.Sa machine à vapeur à double expansion de 680 CV entraînant une hélice lui permet d'atteindre 10 nœuds.
Il est armé par la Taylor & Sanderson Steam Chipping Company de Sunderland qui le baptise SS Coronation et le destine à la liaison Sunderland-Brême.
Son histoire va être quelque peu mouvementée car le 12 janvier 1913, revenant de Brême, sous les ordres du Capitaine Nicholas T. Phillips, il essuie une grosse tempête avec des chutes de neige. Il se retrouve drossé à la côte près de Ravenscar (Yorkshire). L'équipage peut gagner le rivage et se mettre à l'abri sans l'aide des secours. La coque a souffert et se trouve déchirée par les récifs en plusieurs endroits. 80 tonnes de ciment sont coulés pour obturer les trous, mais toutes les tentatives pour le renflouer échouent ! En septembre 1913, les assureurs le déclarent finalement perdu … Mais le lendemain il flotte et peut regagner le port de Sunderland. Fatalité, un mois après il prend feu à quai à Harllepod Docks.
En 1914, il est vendu à Frederick W. Horlock de Sunderland qui le baptise Coralie Horlock. Il se trouve retenu en août à Hambourg suite à un litige sur le non paiement de l'équipage. Il est réquisitionné en 1917 par la Marine Impériale et destiné en janvier 1918 à servir de cible d'entraînement aux U-boot.
Récupéré en décembre 1918 par la compagnie Horlock, il est vendu à l'armateur Domingo Mumbrú de Barcelone et il devient le Ramon Mumbrú.
L'histoire du naufrage est mal connue, mais dans le livre Le Monde du Silence de J.-Y. Cousteau et F. Dumas de 1954 apparaît le témoignage d'un douanier.
"En juin 1921, un homme pêchait à l'aube sur l'écueil de l'Enfer, près du cap Lardier, quand il vit un énorme bateau venir droit sur lui. Ce ne pouvait être qu'une hallucination. Pourtant le cargo, bousculant la barque, heurta l'écueil dans un affreux bruit de tôles froissées.
Le bateau hésita sur la roche, puis passa outre. Notre marin à peine revenu de sa surprise, vit alors l'énorme masse, sous l'effet d'un coup de barre, venir franchement sur le cap Lardier. L'étrave semblant grimper sur les roches, la coque fléchit comme une masse de gélatine. Le Ramon-Membru resta là. Toute la journée, ses embarcations chargées de valises, firent la navette entre le bateau et une plage voisine, jusqu'au moment où le douanier de Cavalaire, constatant que les valises contenaient des cigares, menaça de mettre les scellés sur la cargaison. Dans la nuit, un autre bateau espagnol communiqua avec Alvarez (le capitaine). Le lendemain, un remorqueur de Toulon vint déséchouer le Ramon-Membru qui, par miracle n'avait pas d'avaries majeures. Il le prit en remorque … et amena le Ramon-Membru en baie de Cavalaire. Dans la nuit, il flambait au mouillage avec ou sans ses cigares. Un ténébreux procès d'assurance fut plaidé à Londres; on payait encore, à cette époque, les risques de guerre en Méditerranée."
Deux entrefilets parus dans le Sémaphore des 7 et 8 juin 1921 relatent le naufrage du Ramon Meumbru quelques jours auparavant suite à une explosion.
D'après d'autres sources, victime d'une explosion dans une des soutes il se serait échoué vers le Cap Taillat le 4 juin 1921. Remis à flot, il prenait feu dans la nuit du 5 au 6 juin en Baie de Cavalaire. Dans le pays, on évoque toujours une sombre histoire de contrebande de tabac.
LA PLONGEE
Le Ramon est bien connu des plongeurs locaux car c'est le lieu privilégié des exercices pour les futurs N2. En effet il repose sur un fond de 20à 22m et le site est protégé du mistral. Trois bouées le marquent. Seul bémol il est à proximité du chenal d'accès au port de Cavalaire.
Les vestiges reposent sur une surface importante de plus 120m par plus de 25 m. Il est difficile différencier la proue de la poupe … mais cette dernière est vraisemblablement au sud.
C'est une épave qui a été ferraillée et donc chaudières, machine et superstructures ont disparu.
Depuis les visites de Cousteau, Dumas et Taillez en 1943 pour leur film Epaves et ensuite pour le Monde du Silence (1953), il s'est fortement dégradé, gaillards avant et arrière n'existent plus.
Actuellement seule la partie tribord de la coque est cohérente, inclinée de 50° environ sur bâbord. Quelques bouts de ponts, de bords d'écoutille et ensuite c'est un enchevêtrement de membrures, barrots avec des restes de bois et de tôles diverses disposées dans le plus grand désordre. L'ensemble a tendance à s'enfouir dans le fond de sable et de sédiments.
Ici la flore et la faune sont plutôt rares car il n'y a pas suffisamment de mouvement d'eau.
L’utilisation d’un Nitrox EAN36 convient parfaitement.