MV PETER SIF

L’HISTOIRE

 Le Peter Sif est un petit cargo porte-conteneurs danois de 98,95m par 15,80 pour 1599 tonneaux de jauge brute et 4000 tpl (tonnes de port en lourd). Il a été construit par les chantiers Orskov de Fredrikshavn et lancé en 1978. Il est propulsé par des machines diesel entraînant une tuyère kort (hélice carénée par un cylindre pouvant osciller de 30° environ de part et d’autre de l’axe). Il est armé par la compagnie SIF appartenant à Knut Ingmar Larsen.

Le 15 novembre 1979, venant de Hambourg à destination de Mersin (Turquie), il affronte le mauvais temps avec des vents de secteur nord-ouest de force 7. Il est sur le rail descendant d’Ouessant au milieu de creux de 8 m. En début d’après-midi un conteneur se désarrime et provoque des dégâts sur la coque. A 14h30, on signale une voie d’eau et une demande d’assistance est lancée. L’aviso Jean Moulin de la Marine Nationale, en surveillance sur le rail, lui porte assistance et l’escorte pour tenter de rallier Brest.

Le remorqueur Abeille Flandres sur zone en baie du Stiff se porte à sa rencontre. Le Peter Sif prend de la gîte et se réfugie en baie de Lampaul. La salle des machines est inondée et le navire s’incline de plus en plus. Vers 19h30 l’Abeille a pu passer une remorque par l’arrière mais l’équipage du cargo préfère évacuer et est recueilli par le remorqueur. Le Peter Sif finit par couler à 300 m de la pointe de Pen Ar Viler.

Il aurait sans doute pu être sauvé avec un peu de persévérance de la part de l’équipage.

La cargaison a beaucoup fait parler car elle comprenait outre des matériaux de construction et du matériel de Travaux Publics, des vêtements et des palettes de bière Heineken. Les vêtements ont été récupérés par les îliens et des bourses d’échange organisées, la bière a disparu …récupérée par les plongeurs de la Marine ?

La destination a fait l’objet de rumeurs diverses. On a parlé de mission humanitaire suite à un tremblement de terre en Turquie ou en Irak … mais aucun n’a eu lieu courant 1979 … mystère !

 LA PLONGEE

 L’épave est couchée sur bâbord, pratiquement intacte par environ 50 m sur un fond de sable, avec la proue orientée au nord-ouest.

Quand on arrive sur la coque par34 m, l’ambiance est relativement sombre. On a la sensation d’un naufrage récent car au premier abord on ne distingue que des structures nettes, pas de vie fixée et pratiquement pas de poissons alentour. Les dimensions sont réduites pour un navire contemporain (il s’agit d’un navire côtier) mais il faut plusieurs plongées pour parcourir l’ensemble. Les mâts toujours en place font environ une quarantaine de mètres, les panneaux de cale quant à eux ont glissé et sont dressés. A l’intérieur se trouvent des matériaux de construction et un bobcat au pied du château. A noter quelques détails : le logo ‘KIT’ sur la cheminée, la tuyère kort (où on trouve des anémônes dent de chien), le bulbe d’étrave et la présence de congres dans des tuyaux.

 

Enfin au moment du naufrage, le cargo contenait 350 tonnes de fioul de propulsion. D’après les experts, ils devaient se dissoudre avec le temps. Mais en 1999, l’épave a commencé à fuir. La Marine Nationale est intervenue pour colmater ces fuites en posant des plaques d’inox. Malheureusement les fuites reprennent quelque temps après. Suite à des investigations menées fin 2005, des brèches sont identifiées. En juin 2006, une intervention menée par 13 plongeurs du GPDA (Groupe des Plongeurs Démineurs de l’Atlantique) embarqués à bord du Styx (Bâtiment Base de Plongeurs Démineurs) a permis, outre l’extraction de 14 m3 d’hydrocarbures (11 t), de poser des placards d’obturation avec vannes sur différents points de la coque. En mars 2007, les plongeurs de la Marine ont testé des chaussettes (réservoirs souples en tissu polyuréthane de 700 l de capacité). Connectées aux vannes posées en 2006, elles ont permis de récupérer 800 l de fioul.

De toute manière, de légères fuites persistent, car en surface une odeur de mazout est nettement perceptible ainsi qu’une irisation de la surface.

A un moment donné il a été sérieusement envisagé de pétarder l’épave pour récupérer l’intégralité des hydrocarbures, mais l’idée a été abandonnée … une majorité d’îliens s’est opposée à cette solution de crainte d’une mini marée noire.

Les diverses actions menées sur le Peter Sif sont d’une certaine manière une opération pilote permettant de valider des techniques de lutte anti-pollution qui pourront être utilisées sur d’autres épaves à risque le long de la côte Atlantique.

 

Quelques liens :

Site de la Préfecture Maritime de L’Atlantique :

www.premar-atlantique.gouv.fr/actualite/dossiers/peter-sif.html

 

Le CEDRE : Centre de documentation de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux :

http://www.cedre.fr/fr/accident/peter_s/peter.html

 

Dossier Peter SIF (.pdf)

Diaporama

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