L'Amoco Cadiz
HISTOIRE
L’Amoco Cadiz est un supertanker de 334 m par 51 m de large pour 26,18 m de tirant d’eau et une capacité de 230.000 t. Il a été construit par les chantiers navals Astilleros Españoles SA de Cadiz en Espagne. Il a été lancé le 11 mai 1974 et armé par l’Amoco Transport Company filiale de l’American Oil Company elle-même liée au conglomérat Standart Oil of Indiana. Depuis l’Amoco est intégrée à BP après la fusion de 1998. Il va naviguer sous pavillon libérien.
L’Amoco Cadiz a eut plusieurs sister ships : les Amoco Milford Haven (1973), Amoco Singapore (1973) et Amoco Europa (1975).
L’Amoco Milford Haven aura une fin tragique : en 1991, au terminal pétrolier du port de Gènes, lors d’opérations de pompage, une explosion va embraser le tanker qui va brûler durant 3 jours (11-14 avril) provoquant une marée noire de plus de 140.000 tonnes de brut.
L’Amoco Cadiz quant à lui va entrer dans l’histoire mi-mars 1978. Venant du Golfe Persique, à destination de Rotterdam et alors qu’il double l’île d’Ouessant le 16, avec près de 227 000 tonnes de pétrole dans ses citernes et une météo très mauvaise, il subit une avarie de barre. Avec des rafales d’ouest atteignant 130km/h, le pétrolier incapable de se diriger subit les déferlantes et commence à dériver. En fin de matinée, le Capitaine Pascale Bardari demande de l'assistance alors qu'il se trouve encore au nord d'Ouessant. Le remorqueur allemand Pacific présent sur le secteur se dépêche vers le tanker en faisant une offre de service "Lloyd's Open Form" qui est déclinée dans un premier temps. Après des négociations avec l'armateur, un accord est conclu et une amarre peut être passée. Nous sommes en début d'après midi. Mais le remorqueur n'arrive qu'à freiner l'énorme masse du tanker qui dérive sous l'effet des lames de plus en plus fortes. Vers 16h cette première remorque casse. Le vent souffle d'ouest force 8 avec des rafales de 9 à 10 beaufort. La côte n'est plus qu'à 5 milles environ. Une seconde remorque peut être passé en poupe après de gros efforts. Mais le navire dérive toujours et le Capitaine décide de mouiller l'ancre bâbord, qui chasse. Au bout d'une heure de lutte désespérée, l'arrière talonne sur un fond de 18 m. Une voie d'eau provoque la perte de l'énergie électrique. Peu après il touche à nouveau les brisants et le pétrole commence à s'échapper. Enfin vers 22h il s'échoue sur les récifs de Men Goulven à 1 mille de la côte au nord de Portsall. Le pétrole coule à flot. La situation est critique, des SOS sont envoyés et rapidement une évacuation par hélicoptère est décidée. Un Super-Frelon de la base de l'Aéronautique Navale de Lanveoc Poulmic est dépêché. Trois opérations d'hélitreuillages permettent de sauver les 44 membres d'équipage, malgré les conditions extrêmes de météo et la nuit complète.
Le 17 au matin, les habitants du Finistère découvrent le désastre. Le pétrole s'est répandu en lourdes nappes sombres sur le littoral. En quelques jours, l'intégralité de la cargaison va se répandre au grès des vents et des courants sur près de 360 km de côtes entre Brest et la partie ouest de la Baie de St Brieuc.
La Préfecture Maritime de Brest a déclenché le plan Polmar-Mer. Des unités de la Marine Nationale sont mises à contribution. Mais les moyens sont dérisoires. Quelques jours après, 30 navires dont des anglais, norvégiens et néerlandais combattront cette marée noire.
De nombreux bénévoles et l'armée vont nettoyer inlassablement ces souillures. Les dommages à la faune sont immenses. Les conséquences économiques sur une région tournée vers la mer sont catastrophiques. Après le Torrey Canyon (1967), l'Olympic Bravery (1976) et le Boehlen (1976) cette catastrophe écologique va mobiliser les élus locaux qui vont se lancer dans aventure judiciaire aux Etats-Unis (1978-1992). Elle sera jalonnée de procès à Chicago et finalement Amoco sera condamnée à verser USD40 millions (FRF225 millions) en janvier 1992, au terme de ce marathon juridique de 14 années.
A la suite de ces événements, le système des rails de navigation sera institué pour le franchissement de la Manche (Création du rail d'Ouessant le 1er janvier 1979).
DESCRIPTION
De ce monstre, il ne reste pas grand chose. Contrairement à l'Olympic Bravery de Ouessant, le démantèlement est surtout l'œuvre des artificiers de la Marine. En effet l'Amoco Cadiz a été pétardé … généreusement. Seul l'arrière de la poupe a encore forme. Cette structure, haute d'une quinzaine de mètres est plantée à plus de 45° dans le fond de sable, gravier et roches à 20 m suivant les marées. Elle est couronnée de laminaires et il faut un peu d'imagination pour la situer sur le bateau d'origine.
On peut y pénétrer (avec un bon guide) et découvrir de grandes salles sans vie, aux tôles recouvertes d'une fine couche de particules de rouille. C'est assez impressionnant par le calme et les dimensions.
De retour à l'extérieur, si on s'aventure vers 'l'avant' on parcourt un champ de ruine où poutrelles, portiques et tuyaux sont enchevêtrés de manière inextricable … donnant l'illusion d'une décharge industrielle.
Quant à la proue et son bulbe … mystère. Elle aurait échappé aux pétardages mais personne n'aurait réussi à la localiser ! Pourtant ce serait un spot vraiment intéressant.
Une plongée impressionnante, dont les conditions peuvent être sportives. Il faut plonger à l'étal pour éviter les courants. A ne pas rater quand on passe dans le coin, elle est régulièrement programmée par le centre de plongée de l'Aber Benoit.
Quelques liens
Le centre de plongée situé à St Pabu :
http://www.aberbenoitplongee.com/index.htm
Le CEDRE : Centre de documentation de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux :
http://www.cedre.fr/fr/accident/amoco_cadiz/amoco.html
L'IFREMER : Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer :
http://www.ifremer.fr/envlit/actualite/20030303.htm